Focus sur la formation préparant au Diplôme d’état d’Assistant familial
3 questions à Karine Farcy, responsable de la formation AF à l’ETSUP
La formation Assistant familial a été créée au milieu des années 2000. C’est la formation destinée aux professionnels mieux connus du grand public sous le nom de « famille d’accueil« .
Karine Farcy, la responsable de la filière DEAF à l’ETSUP vous en dit plus sur ce dispositif de formation.
Pouvez-vous présenter la formation obligatoire préparant au diplôme d’État d’assistant familial (DEAF) ?
La formation obligatoire des assistants familiaux et le DEAF ont été institués par la loi de 2005 relative aux assistants maternels et aux assistants familiaux. La volonté du législateur était de distinguer ces deux métiers et d’établir les spécificités de chacun.
Après obtention de l’agrément délivré par le conseil départemental du lieu de résidence de l’assistant familial, ce dernier doit suivre la formation obligatoire dans un délai de trois ans à partir du premier accueil d’un enfant confié par l’aide sociale à l’enfance. Avant l’entrée en formation, l’assistant familial doit avoir effectué un stage de 60h mis en place par son employeur.
Le volume horaire de la formation est de 240h. La formation est dispensée sur 18 à 24 mois, soit environ 2 à 3 journées de formation par mois. Cette organisation permet un va-et-vient entre pratique professionnelle et apport formatif. À l’issue de cette formation, les assistants familiaux peuvent se présenter au Diplôme d’État d’Assistant Familial (DEAF).
Actuellement, la formation est articulée autour de trois domaines de compétences qui sont :
- Accueil et intégration de l’enfant dans sa famille d’accueil
- Accompagnement éducatif de l’enfant
- Communication professionnelle
Quelles sont les perspectives d’évolution de cette formation menant au DEAF ?
Une réforme majeure du DEAF est en passe d’être finalisée. Elle s’inscrit dans la lignée de la loi Taquet de 2022 relative à la protection de l’enfance. Cette loi vise notamment à améliorer la situation des enfants protégés par l’ASE, à moderniser le métier des AF et permettre une professionnalisation adaptée aux évolutions et aux exigences du champ. Nous sommes dans l’attente de la parution des textes législatifs qui devrait intervenir dans le courant du premier semestre 2024 pour une mise en application entre janvier et septembre 2025.
En l’état actuel de nos connaissances et sous réserve de la parution officielle des textes, les principales évolutions porteront sur :
- Le volume horaire : 420h pour la formation obligatoire (au lieu des 240h actuellement) et 100h pour le stage obligatoire (au lieu des 60h actuellement)
- Le niveau du titre : le niveau de qualification au RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles) sera de 4, soit niveau baccalauréat au lieu de 3 actuellement (niveau CAP/BEP).
- L’amplitude : La formation se déroulera sur 36 mois, soit 3 ans.
- les Blocs de compétences : ils seront au nombre de 4 dont la nouveauté se situe notamment sur la place de l’enfant au sein de sa famille d’accueil tout au long de son placement. Même si cette dimension pouvait être abordée en filigrane de la formation actuelle, elle fera désormais l’objet d’un item officiel.
- De même, concernant les 3 blocs qui reprennent ceux actuellement en vigueur, le vocabulaire a évolué. La notion d’accompagnement est explicitée et la dimension sociale est désormais abordée. Le cercle familial élargi vient se substituer aux seuls parents. Le terme « place » vient remplacer celui d’« intégration ». Il a aussi été précisé la place de l’enfant « de son arrivée à son départ » car cela s’inscrit dans le projet pour l’enfant. La dimension de communication n’est plus nommée, il s’agit désormais de la place au sein de l’équipe et l’institution.
- La certification DEAF : Les assistants familiaux seront dans l’obligation de se présenter à la certification (ce qui n’est pas le cas actuellement). 3 des 4 épreuves seront organisées par les centres de formation, ce qui jusqu’à présent était du seul ressort des DREETS (Direction Régionale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités).
Ces évolutions vont induire une ré-ingénierie de formation conséquente de la part des centres de formation. Elles vont aussi permettre de développer certaines thématiques qui n’apparaissent pas suffisamment abordées aujourd’hui et d’envisager de mobiliser de nouvelles disciplines ; en somme, de tendre vers une professionnalisation des assistants familiaux en adéquation avec les évolutions et mutations de la protection de l’enfance.
Quels selon les points forts actuels et à venir de la formation Assistant Familial dispensée à l’ETSUP ?
Notre souci est de dispenser une formation de qualité en conformité avec la législation tout en tenant compte des besoins des employeurs et des aspirations des professionnels assistants familiaux.
Notre approche s’appuie sur un process organisationnel déjà défini mais qui peut s’ajuster aux particularités. Pour cela, nous favorisons une communication constante et soutenue avec nos différents interlocuteurs. Par exemple, à travers un recueil régulier de l’avis de nos stagiaires sur un ensemble de volets du dispositif, nous travaillons à son amélioration constante. De même, nous associons systématiquement les employeurs à nos Comités Techniques Pédagogiques (CTP). Ces comités portent sur des sujets de développement relatifs à la formation obligatoire des AF.
Par ailleurs, Dans cette optique, deux séquences de découverte et d’utilisation des ressources sont dispensées pour chaque groupe par l’équipe du centre de ressources documentaires et numériques. Nos stagiaires Assistant familial appréhendent ainsi des sources d’informations précieuses durant leur formation mais aussi durant leur vie professionnelle.
Concernant la réforme à venir, nous souhaitons nous saisir de cette évolution pour renforcer l’usage de la plateforme Moodle. Il s’agit d’un outil qui permettra d’enrichir les apports de la formation d’un point de vue pédagogique. Via Moodle, nous pourrons proposer aux stagiaires des ressources supplémentaires, des entrainements à l’épreuve écrite du DEAF, des quizz pour tester leurs acquis…. Nous évaluons que cette opportunité renforcera le processus de professionnalisation des AF. Enfin, des groupes de travail avec des formateurs, des employeurs et des professionnels assistants familiaux seront organisés afin de co-construire le projet pédagogique de la formation obligatoire des assistants familiaux au regard de la réforme à venir.
Pour en savoir plus sur cette formation, consultez la page Formation dédiée